Volet Agricole 2020 - 2022

Pourquoi un programme agricole ?

Les études récentes1 portées par l’Edenn mettent en évidence plusieurs enjeux sur le Bassin Versant de l’Erdre et ses affluents ;

  • Des problèmes de continuité écologique des cours d’eau
  • Un phénomène marqué d’eutrophisation2 dont le facteur principal est le phosphore d’origine diffuse
  • Des problématiques de concentrations en pesticides (désherbants majoritairement)

Deux de ces trois enjeux sont liés, tout ou partie, aux pratiques agricoles. Les collectivités partenaires ont choisi de confier à l’Edenn la mise en place d’actions d’accompagnement des agriculteurs et agricultrices, on parle alors de « volet agricole ».

Avec 65% du territoire du Bassin Versant en surfaces agricoles, les exploitants sont des acteurs dont l’implication est indispensable pour améliorer la qualité de l’eau de l’Erdre et de ses affluents. L’Edenn cherche à mettre en place des moyens d’action et d’accompagnement répondant aux problématiques de pollutions tout en prenant en compte les enjeux liés à l’agriculture au niveau local. C’est donc en partenariat avec la Chambre d’Agriculture des Pays de la Loire que ce programme est mis en place pour répondre aux problèmes de pollutions diffuses.

1 Diagnostic de territoire (Géo-hyd, 2020), Etude de l'eutrophisation de l'Erdre volets 1 et 2 (Interface et gradients et Limnologie, 2019), Diagnostic de l'activité agricole sur l'Erdre (Chambre d'agriculture des pays de la Loire, 2019)
2 Phénomène d'enrichissement de l'eau en nutriments conduisant à une prolifération végétale et algale, un appauvrissement en oxygène de l'eau et un déséquilibre du milieu

Une problématique de phosphore diffus

On parle de phosphore diffus lorsque la quantité de phosphore présent dans l’eau augmente en l’absence de source ponctuelle et/ou accidentelle. Il s’agit donc de phosphore issu d’une partie ou de l’ensemble du territoire par diffusion ou ruissellement. Trois sources principales sont responsables de la présence de phosphore dans le milieu :

  • Les parcelles agricoles qui, par érosion hydrique, émettent le phosphore stocké dans le sol.
  • L’assainissement, par les rejets des assainissements non collectifs et par extension ceux des stations d’épuration
  • Le stock accumulé dans les sédiments des cours d’eau et des plans d’eau.

Les différents diagnostics réalisés sur le territoire mettent en évidence les efforts importants réalisés par les systèmes d’épuration collectifs sur le territoire. Les stations d’épuration sont aujourd’hui, globalement, en bon état de fonctionnement sur l’ensemble du territoire. De même il est mis en évidence que l’assainissement non collectif, bien que présent (40% des habitations non raccordées sur le territoire du BV) est, en majorité, suffisamment éloigné des cours d’eau pour ne pas représenter une source d’émission majeure de phosphore dans le milieu.

Le stock sédimentaire est difficile à évaluer, mais les brassages réguliers tendent naturellement à faire diminuer son impact à condition que les sources en amont soient réduites également.

Pour diminuer l’impact du phosphore sur nos cours d’eau, il parait donc indispensable d’accompagner les agriculteurs à la mise en place d’actions sur les parcelles et à l’évolution de certaines pratiques agricoles.

Une problématique produits phytosanitaires

Les analyses réalisées sur l’Erdre et ses affluents mettent en évidence la présence de produits phytosanitaires dans les eaux superficielles. La présence de ces molécules n’est cependant pas uniforme dans le temps et dans l’espace.

Sur 5 stations analysées (Nort sur Erdre, Candé, Sucé sur Erdre, Carquefou, la Chapelle sur Erdre) 4 présentent des dépassements systématiques du seuil de 0,1µg/L. Seule la station de la Chapelle sur Erdre (prélèvements sur le Gesvres) ne dépasse jamais le seuil.

Les molécules retrouvées en concentrations supérieures aux seuils (0,1µg/l) sont principalement des herbicides et/ou leurs métabolites.

Une station présente des concentrations particulièrement importantes avec des dépassements permanents. C’est la station de Carquefou qui analyse le cours d’eau du Charbonneau (ou Etang Hervé).

La faiblesse du nombre de stations ne permet pas de généraliser l’analyse à l’ensemble du bassin versant, mais les dépassements fréquents obligent à prendre sérieusement en compte ce paramètre. Des actions limitant l’utilisation de ce type de molécules et leur transfert au cours d’eau sont prévues.

Des actions sur des zones prioritaires

Les impacts de l’agriculture ne sont pas de même intensité ni répartis de manière homogène sur l’ensemble du territoire. Ainsi, pour améliorer l’efficacité économique et technique des actions il a été décidé de se concentrer uniquement sur des zones dites prioritaires. Ces zones ont été définies en croisant l’impact du phosphore, des phytosanitaires, les données de qualité de l’eau ainsi que des dires d’acteurs locaux et d’experts. On distingue alors deux types de zones :

  • Des zones où l’action est nécessaire afin d’améliorer globalement la qualité de l’eau.
  • Des zones où la masse d’eau est la plus proche du bon état, on parle alors de zone vitrine.

Ces zones sont présentées dans la carte suivante (cliquez pour agrandir) :

zones_prioritaires_DelaiDCE_Vitrine

On parle d’Erdre amont pour la zone autour de Candé

On parle d’Erdre aval pour la zone prenant en compte le Gesvres, Le Cens et L’hocmard, c’est la zone vitrine

Les actions

Le programme agricole se déroule en trois années civiles de 2020 à 2022. Trois grands types d’actions mises en place par l’Edenn sont a distinguer :

  • Des actions de sensibilisation et de communication à destination du grand public et des agriculteurs
  • La mise en place de haies efficaces pour limiter le ruissellement et aider la dégradation des molécules phytosanitaires et la consommation des nutriments
  • La mise en place de zones tampons dont le rôle est la réduction de la vitesse de l’écoulement de l’eau permettant la sédimentation des nutriments et la dégradation des molécules de produits phytosanitaires.

Les haies

Les avantages des haies sont multiples. Eléments structurants du paysage, elles sont un réservoir de biodiversité, protègent les animaux et accessoirement l’éleveur lors de fortes chaleurs, de pluies ou de vents violents. Elles fournissent du bois de toutes formes, éventuellement des fruits…Elles sont aussi une solution simple et naturelle pour limiter les ruissellements et aider à la dépollution de l’eau, c’est ce paramètre qui nous intéresse particulièrement. Les haies sur talus ou billon, perpendiculaires à la pente permettent un retard à l’écoulement et une infiltration, permettant le dépôt des nutriments ou leur consommation ainsi que la dégradation des molécules indésirables avant l’arrivée au cours d’eau.

Le programme d’actions agricoles de l’Edenn s’engage à planter 12 kilomètres de haies sur les zones prioritaires. C’est un objectif modeste mais qui permet d’initier le programme, d’ancrer la structure dans les actions agricoles et d’évaluer l’implication sur le terrain.

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La mise en place de ce type de haies est financée à 100 % dans le cadre du contrat territorial.

Les zones tampons

Les zones tampons sont, par définition, toutes les zones permettant d’augmenter le temps de séjour de l’eau issue des parcelles agricoles par ruissellement par écoulements de drains. Cette période de stagnation permet le dépôt des sédiments et la dégradation des molécules indésirables.

On en distingue plusieurs types :

FosséRedent

Les fossés à redents : ce sont des fossés végétalisés présentant des aménagements (buttes transversales) ralentissant l’écoulement de l’eau. C’est un dispositif assez simple recommandé pour la gestion des eaux en sortie de drain, ou d’écoulements localisés qui pourraient présenter des problèmes de concentration en pesticides.


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Les noues ou fossés végétalisés constituent également un dispositif intéressant pour récolter les écoulements de surfaces et réduire la concentration en pesticides dans l’eau. Ils peuvent être situés en limite ou au sein de la parcelle. Ils peuvent canaliser les écoulements de surface présents dans les parcelles hydromorphes et aider à leur drainage.


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Les zones humides artificielles. Elles sont particulièrement adaptées à récupérer les écoulements diffus et à permettre un temps de séjour de l’eau sur place suffisamment long pour abattre significativement les concentrations en pesticides et en nutriments des eaux avant leur transfert au cours d’eau ou au fossé.


D’autres dispositifs existent et peuvent être étudiés en fonction des demandes et des conditions locales

Des analyses d’eau sur les paramètres phosphore et pesticides seront également réalisés afin d’évaluer l’efficacité des mesures et de compléter les données présentes sur l’Erdre.

L’ensemble de ces dispositifs est financé en totalité par les financeurs du contrat territorial (Agence de l’Eau Loire Bretagne, Région Pays de la Loire, et collectivités adhérentes à l’Edenn).

Un volet agricole porté par la Chambre d’Agriculture des Pays de la Loire

1523366836216 En parallèle, la Chambre d’Agriculture des pays de la Loire porte également un volet agricole. Ce volet correspond à une campagne de diagnostics pour identifier les exploitations ayant des parcelles et des pratiques présentant des risques de pollutions diffuses. Ces diagnostics vont permettre de cibler et dimensionner les actions à mettre en place.

Ce volet propose également l’animation des agriculteurs du territoire dans l’aménagement de leurs pratiques notamment par le biais des MAEC et la mise en place d’un groupe technique autour de l’enjeu qualité de l’eau.

Notice MAEc de l’Erdre : Cliquez ici

Les programmes de la Chambre d’Agriculture et de l’Edenn sont menés conjointement afin d’être cohérents et efficaces.

En complément, des journées techniques seront organisées tout au long de la période. Persuadés que le succès de ces journées est dépendant de la demande locale, nous serons particulièrement attentifs aux suggestions du terrain sur les thèmes qui pourraient intéresser localement en lien avec l’amélioration de la qualité de l’eau :

  • Désherbage mécanique
  • Destruction mécanique des couverts végétaux
  • Gestion et optimisation des prairies
  • Raisonnement de la fertilisation

Le programme d’action se veut évolutif et en lien avec la réalité du terrain. Toute demande d’interventions, d’actions, de démonstrations, de journées bout de champ… peuvent être étudiées.

Contact : Damien JORIGNE, 07 88 18 66 29, agriculture [@] edenn.fr

Financeurs :

 

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