Les actions à entreprendre pour rééquilibrer la rivière Erdre sont de plusieurs natures et dépendent de domaines de compétence partiellement ou totalement couverts par des maîtres d’ouvrage multiples et diversifiés sur l’ensemble du bassin versant.
Seul un plan d’actions coordonné permet d’aboutir dans le temps à un résultat positif, les différentes actions étant interdépendantes sur l’ensemble du bassin versant.
Un programme collectif d’actions a ainsi débuté en 2011, afin de répondre aux objectifs du SAGE Estuaire de la Loire.
L’EDENN est structure référente (maître d’ouvrage délégué du SAGE sur le bassin versant de l’Erdre) et chef de file pour les contrats financiers, afin d’assurer la coordination des objectifs des maîtres d’ouvrage, conforter la reconnaissance de l’unité géographique du bassin versant de l’Erdre et faciliter la mise en place d’une capacité réelle d’action à cette échelle.
Pour limiter le phénomène d’eutrophisation, le phosphore est l’élément principal sur lequel les efforts de réduction des flux doivent porter car il est le principal facteur limitant pour le développement des cyanobactéries.
Deux périodes sont importantes dans la problématique des cyanobactéries de l’Erdre, elles correspondent :
- À la fin de l’hiver (avant la fermeture de l’écluse), où le stock de phosphore présent dans la rivière correspond au potentiel de départ pour le développement du phytoplancton ;
- Aux mois d’été, où les apports de phosphore ponctuels sont des accélérateurs pour le développement des cyanobactéries.
La limite de 50 µg/L de phosphore total est reconnue par les scientifiques comme un seuil en deçà duquel, dans la très grande majorité des cas, on n’observe plus d’eutrophisation du milieu.
L’assainissement est l’une des priorités dans la mesure où l’impact du phosphore issu des rejets est prédominant en période estivale et que cette période est propice au développement des cyanobactéries.
Il est donc primordial sur le bassin de l’Erdre de :
- finaliser la mise aux normes des unités épuratoires existantes, avec un traitement adapté du phosphore ;
- mener les programmes de travaux de réhabilitation des réseaux, de suppression des by-pass sur les postes de relèvement et de traitement des eaux pluviales ;
- mener les campagnes de mise en conformité des branchements ;
- mettre en conformité les installations d’assainissement non collectif (mise en place des Services Publics pour l’Assainissement Non Collectif).
La réussite de l’ensemble de ces actions, dont une partie est déjà engagée, laissera un flux notable de phosphore en sortie des stations, dont le traitement n’est pas envisageable (le coût de ce traitement est démesuré sur les petites stations d’épuration). Une mobilisation des habitants sur l’usage des lessives sans phosphate serait le garant d’une baisse supplémentaire importante des quantités rejetées dans l’environnement. Une telle action passerait par un effort de communication, et permettrait un renforcement de la cohésion du bassin versant.
L’agriculture et l’aménagement du territoire sont la deuxième priorité dans la mesure où ils impliquent des flux de nutriments très importants, notamment durant la période hivernale.
La réduction des transferts de nutriment vers la rivière passe par :
- l’optimisation des apports en azote et phosphore sur les terres agricoles ;
- la poursuite des programmes de mise aux normes des bâtiments d’élevage (Deuxième Programme de Maîtrise des Pollutions d’Origine Agricoles en cours)
- la mise en place de zones de contact ou zones tampons à l’interface des fossés et du réseau hydrographique.
Les programmes d’optimisation de la fertilisation doivent être intensifiés pour réduire au maximum les transferts de pollution. Cependant, une politique d’aménagement du territoire doit être entreprise afin de fixer les nutriments (azote et phosphore) avant leur arrivée dans la rivière et de réduire les quantités retrouvées dans l’eau.
Ces actions reposent en grande partie sur le monde agricole, qui traverse une grave crise économique, et ne peut pas toujours faire face aux investissements qui seraient nécessaires (mise en conformité des bâtiments d’élevage notamment). Les mutations en cours de ce secteur, si elles contribuent à l’amélioration des pratiques, laissent planer une incertitude sur la réussite des actions à mener, si elles ne sont pas accompagnées par une politique de soutien régional au développement économique.
En parallèle, des actions permettant de rééquilibrer et entretenir le milieu doivent être menées :
- restaurer ou créer des zones de marais en bordure de la rivière afin d’éliminer le stock de phosphore ;
- restaurer les ceintures végétales en bordure de rivière (roselières, nénuphars, châtaignes d’eau)
De ce cadre, l’observatoire de l’Erdre, en place depuis 2005, permet de :
- capitaliser et mettre en forme l’ensemble des données collectées ;
- réaliser des campagnes de mesure complémentaires nécessaires à une bonne compréhension des phénomènes existants et de leur évolution ;
- réaliser des bilans réguliers et des suivis des actions indispensables à mener ;
- valider les résultats obtenus et de les corréler aux conditions météorologiques des années à venir, pour établir des comparaisons d’une année sur l’autre ;
- coordonner le programme de travaux.
Le programme d’actions en cours s’intègre dans les objectifs de la Directive Cadre Européenne sur l’Eau, qui impose à échéance 2015 un bon état écologique pour l’ensemble de l’Erdre (Erdre navigable et Erdre Sauvage). > En savoir plus, cliquez ici
La reconquête de la qualité de l’Erdre nécessite des efforts solidaires du monde rural et urbain pour atteindre un objectif commun : redonner à l’Erdre un équilibre écologiquement viable et économiquement fiable.